Revue des Oenologues Novembre 2015

Depuis sa domestication, la vigne a été améliorée par une combinaison dhybridations et de sélections de mutations somatiques aboutissant à lexistence de 5 000 à 10 000 variétés cultivées (ou cultivars, ou cépages). Les fécondations libres qui ont généré les anciens cépages, qualifiés ici de traditionnels, ne sont évidemment pas documentées. Les premiers croisements artificiels despèces de Vitis ont été réalisés dans lest des États-Unis au début du XIXe siècle, la plante mère étant souvent le seul parent à être choisi. À partir de la fin du XIXe siècle, des milliers de croisements interspécifiques de Vitis ont été réalisés pour créer des cultivars, dont des porte-greffes, résistants au phylloxéra et à dautres pathogènes introduits en Europe. Chez Vitis vinifera, les premiers croisements documentés (avec choix des deux parents maternel et paternel) semblent être ceux faits par L. Bouschet de Bernard en 1828 dans le sud de la France, afin de renforcer la couleur des vins rouges. À partir de cette date, plusieurs hybrideurs privés entreprirent des travaux dhybridation visant à améliorer des caractères dintérêt agronomique. Les variétés issues de ces travaux récents seront ici qualifiées de modernes. Après la Seconde Guerre Mondiale, la plupart des programmes damélioration de la vigne ont été conduits par des instituts agronomiques.La généalogie supposée des variétés modernes de vigne est connue grâce aux données dhybrideurs même si ces informations contiennent quelques imprécisions. De plus, depuis le travail précurseur de Thomas et al., en 1994, de nombreuses études basées sur lhéritabilité de marqueurs microsatellites nucléaires (ou nSSR), hautement polymorphes, ont été menées pour préciser la parenté de plusieurs cépages. Ces travaux ont permis de confirmer des données dhybrideurs, den infirmer dautres, mais aussi de découvrir la parenté de cépages traditionnels. La majorité des études se sont attachées à résoudre la généalogie de cépages appartenant à une aire géographique particulière ou à une période historique en analysant généralement moins dune centaine de cultivars.Lobjectif de notre étude était danalyser un large échantillon de 2 344 variétés cultivées de Vitis vinifera afin de découvrir ou de confirmer leur parenté. Le but était de mieux comprendre les caractéristiques générales de lamélioration de la vigne au cours de lhistoire et de fournir une information apte à aider les hybrideurs actuels à choisir les géniteurs appropriés dans de nouveaux plans de croisement.Matériel et méthodesNous avons étudié les données de 20 nSSR obtenues par Laucou et al. (2011) pour 2 344 cultivars de Vitis vinifera conservés dans la collection de lINRA du Domaine de Vassal (34340 Marseillan-Plage).Lanalyse de parenté a été réalisée avec le logiciel Famoz. Des scores de logarithmes des probabilités (LOD) ont été assignés à chacune des parentés possibles. Les scores de LOD représentent la probabilité quun individu soit le parent dun descendant divisé par la probabilité que ces deux individus ne soient pas apparentés. Le seuil des scores de LOD pertinents a été déterminé empiriquement au travers de la validation des pedigrees déjà connus. Lassignation finale des parentés a pris en compte les données historiques quand elles étaient disponibles dans la littérature ampélographique ainsi que certains caractères phénotypiques (couleur de la pellicule de la baie, apyrénie, saveur muscatée) aptes à révéler des erreurs dans les cas douteux.Cépage Généalogie Hybridation Selection Mutation Cultivars Gouais blanc Hybrideur Vitis Vinifera Géniteur